Bohdan Świderski (1892-1943)

Walery Goetel

Abstract


Bohdan Świderski est né à Kamieniec Podolski, en 1892, Après« avoir fini le lycée «Staszic» de Varsovie, il est parti en Suisse,, à Fribourg, Genève et Lausanne, pour y faire ses études supérieures. À Lausanne il étudiait, avec les autres Polonais, la stratigraphie, la cartographie géologique et, en particulier, la tectonique chez le célébré prof. Maurice Lugeon, père de la géologie contemporaine des montagnes. C’est chez Lugeon aussi qu’il a fait, en 1917, son doctorat en sciences naturelles et géologie. Au cours des années 1918 et 1919 il collaborait avec la Comission géologique suisse. Vers la fin de l’année 1919, il retourna au pays et s’engagea dans le Service Géologique de Pologne. Sa spécialisation dans la géologie des Karpates l’amena à travailler d’abord, de 1912 à 1922, dans le Service de Pétrole de Pologne où il exerçait la fonction de géologue, puis dans la société pétrolière standard Nobel où il était occupé comme géologue-conseil de 1922 à 1930. Au cours de ces années, il collaborait toujours avec le Service Géologique de Pologne. En 1928 il commença ses cours, pour la plupart du domaine de la géologie régionale et de la tectonique. En 1938, il a obtenu la chaire de la géologie à PUniversité de Poznań. Pendant la dernière guerre mondiale, B. Świderski se trouvait à Varsovie. En 1940 les Allemands l’arrêtent et l’emprisonnent d’abord à Varsovie, puis au camp de concentration d’Ausschwitz, où il reste jusqu’ à 1942. Quand il en est sorti, sa santé était ruinée. Il conserva pourtant une fermeté inébranlable vis-à-vis des Allemands ce qui causa un grave démêlé avec le trop connu prof. Brinkman, chef de la géologie allemande de Varsovie sous l’occupation. B. Świderski était en danger de retomber entre les mains de la Gestapo et d’être renvoyé au camp de concentration. Troublé par ces événements B. Świderski eut une attaque et il est mort subitement au mois de février 1943. Bohdan Świderski commença la publication de ses ouvrages scientifiques par l’édition, en 1917, de son étude sur la couverture sédimentaire du massif de l’Aar dans les Alpes suisses. Elle fut suivie d’autres publications concernant la géologie, la tectonique et la glaciologie des Alpes suisses occidentales. Świderski s’y révéla comme géologue accompli, instruit particulièrement bien dans les domaines divers de la géologie des montagnes. Dans la plupart de ses vastes recherches et de ses nombreuses publications scientifiques, Świderski est resté fidèle à cette partie de la géologie qui, grâce à ses problèmes fascinants, a su attirer et retenir tant d’éminents géologues polonais. Ensuite, de retour au pays, Świderski s’occupa d’abord des problèmes présentés par la géologie de la Tatra. Il s’intéressa en premier lieu à la tectonique, encore peu connue, du tronc cristallin de la Tatra. Au cours de nombreuses excursions que j’ai faites alors avec Świderski, surtout dans la Tatra occidentale, j ’ai eu l’occasion d’admirer sa vive orientation, sa pénétration profonde de l’essence même des problèmes compliqués de la géologie de montagnes, ainsi que la maîtrise parfaite qu’il montrait dans les recherches sur le terrain et dans la cartographie. Les problèmes morphologiques, outre les tectoniques, intéressaient toujours Świderski. Ainsi ses recherches d’alors dans la Tatra eurent pour effet non seulement l’importante découverte des racines du pli couché des Czerwone Wierchy qu’il trouva dans le massif de la Wielka Kopa, mais encore une étude sur la genèse des vallées de la Tatra. Bohdan Świderski consacra ensuite une étude à la géologie des Pieniny, puis son intérêt se tourna vers les Karpates orientales qui laissaient entrevoir de vastes perspectives scientifiques. Ainsi commença le travail de Świderski dans les Karpates orientales qui devait durer de longues années. La géologie régionale, la stratigraphie, les levers géologiques, la morphologie et surtout la tectonique de cette région, tellement intéressante au point de vue de la science et exerçant un charme pénétrant grâce à la beauté de ses paysages et à son caractère primitif, absorbèrent la nature impétueuse de Świderski. En même temps ses ouvrages concernant la géologie pétrolière des Karpates orientales allaient leur train. Il produisit ainsi de nombreuses études publiées dans les éditions du Service Géologique de Pologne, de l’Académie Polonaise des Sciences, de la Société Scientifique de Varsovie, de la Société Géologique Polonaise, du Poste Géologique de Borysław ainsi que dans les revues: Przegląd Geograficzny (revue géographique), Przemyśl Naftowy (Industrie pétrolière), Wierchy (Sommets) et dans toutes sortes d’éditions à l’étranger. Ces ouvrages forment l’abondante oeuvre scientifique de Świderski dans le domaine de la solution des énigmes présentées par la structure géologique des Karpates Orientales. Ils embrassent en premier lieu la région, peu connue alors, des Karpates de Pokucie, y compris leur avant-pays et leur prolongement sur les territoires roumains. Ayant terminé ses recherches dans les Karpates de Pokucie, Świderski s’occupa de l’imposant massif de Czarnahora en consacrant à sa tectonique et sa morphologie plusieurs années de travail intense et quelques excellentes études. Certains d’entre les ouvrages de Świderski sur les Karpates orientales et leur avant-pays sont d’un caractère synthétique et constituent l’oeuvre la plus universelle et la plus importante de la littérature polonaise concernant cette région. La valeur de ces études nous est apparue clairement, lors du mémorable congrès de l’Association Géologique des Karpates, en 1927, quand les excursions dans les Karpates de Pokucie suivaient les indications des guides géologiques de Świderski. La carte géologique d’ensemble du bassin supérieur du Prut au 1:750.000, publiée en 1934 en polycopie, constitue dans le domaine de la cartographie géologique, un ouvrage synthétique, d’importance fondamentale. En même temps, Świderski s’intéressait constamment aux problèmes morphologiques des Karpates orientales. Il a présenté les résultats de ses recherches dans ce domaine, accomplies pendant de longues années, d’abord dans son «Esquisse de la morphologie des Karpates » et ensuite dans la belle étude synthétique, la dernière qui fût publiée de son vivant, intitulée: La Géomorphologie du massif «Czar nohora». Il s’occupait aussi de l’intéressant problème des éboulements karpatiques. Świderski ne s’intéressait pas seulement aux problèmes tectoniques et morphologiques, mais aussi aux questions pétrolières dans les Karpates orientales et il a consacré plusieurs études pénétrantes à ce sujet. Au cours des dernières années qui précédèrent la deuxième guerre mondiale, l’intérêt de Świderski commença à se tourner vers les Karpates Occidentales. Świderski, avec la passion créatrice qui lui était propre, se plongea dans la géologie des Beskides, surtout dans la région de Rabka et de Mszana Dolna. Il parvint (en collaboration avec J. Gołąb et L. Watyha) à dresser la carte géologique de la feuille Rabka au 1:100.000, mais il n’a pu la publier de son vivant. On a trouvé, parmi les matériaux posthumes de Świderski, son dernier ouvrage, intitulé: «Quelques problèmes de la tectonique des Karpates septentrionales». Immédiatement avant la guerre transporté à Poznań, Świderski n’a pas eu le temps de s’occuper des problèmes de la Pologne septentrionale. Pourtant, quand je l’ai vu à Poznań en 1938 il m’a dit qu’il avait l’intention de travailler à ces problèmes, en les rattachant à une de ses premières études scientifiques, publiées en Pologne, en 1921, et portant le titre: «Sur les gisements salifères du Grand-Duché de Posnanie ».

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