Jerzy Smoleński (1881-1940)

Mieczysław Klimaszewski

Abstract


Georges Smoleński est né le 6 septembre, 1881. Il commença ses études supérieures en 1889, en étudiant la géologie. Ayant présenté sa thèse : Le Sénonien inférieur de Bonarka et les céphalopodes et inocérames (1906), il a obtenu le grade de docteur en philosophie. A. Rudzki, professeur de géophysique à l’Université Jagellonnienne et savant éminent a exercé une grande influence sur Smoleński. Smoleński se spécialisa dans la géographie physique en s’intéressant, en même temps, à la géophysique ce qui se refléta dans ses ouvrages postérieures : «Sur le rapport entre la disposition des anomalies de gravitation et la structure de l’écorce terrestre», «Sur l’interprétation géologique de la disposition des anomalies gravimétriques dans la partie nord-ouest de la Pologne » et dans une série d’autres études de caractère théorique. Grâce à l’appui du prof. Rudzki, il est parti pour deux années à Berlin, afin d’y continuer ses études géographiques. De retour au pays, il fut agréé comme professeur futur (il se «habilita») à l’Université Jagellonnienne (en 1910), après avoir présenté sa thèse «Sur la genèse du bord septentrional de la Podolie et sur le rôle morphologique des mouvements récents de la Podolie». La santé fragile de Smoleński entravait son travail de savant et d’organisateur et ne lui permettait pas de faire ni des recherches considérables sur le terrain, ni de grandes expéditions exploratrices II n’a pris part qu’à l’expédition hongroise du comte Eotvos (en 1918) ayant pour but l’examen de la partie méridionale de la Hongrie et de la Slavonie. Il a fait aussi les excursions de congrès, en Egypte et en différents pays européens. Smoleński le premier désigna l’âge du relief des Karpates comme après-Tortonien. Dans son étude synthétique: «Sur l’âge et la genèse du paysage des Beskides Occidentales», il a donné une idée excellente de l’évolution morphologique de cette partie des Karpates. Smoleński ne se bornait pas à l’étude de la morphologie des Karpates. Outre les ouvrages mentionnés ci-dessus sur la Podolie, il a donné une description et une pénétrante caractéristique morphologique des environs de Cracovie; il s’intéressait au problème de l’écoulement conséquant des eaux karpatiques du niveau d’aplanissement de 150 m de hauteur relative à travers la zone de hauts plateaux vers le Nord; s’occupait, en connexion avec cette dernière question, de l’évolution des bassins carpatiques, enfin, par sa courte dissertation sur l’âge des petits lacs dans les environs de Grodzisk sur la plaine de Sandomierz, il rectifie les idées anciennes sur leur genèse glaciaire. Dans l’excellente étude «L’influence des perturbations du cours inférieur des rivières sur le travail d’érosion de leur cours supérieur» (1921) dans «Le phénomène de l’épigenèse des vallées subséquentes dans les Karpates Polonaises» (1926), ainsi que dans les observations critiques en marge de l’ouvrage de Chaput, intitulé: «Les surfaces poligéniques et les conditions de leur genèse» (1924) se manifeste le caractère théorique, tellement rare dans notre littérature géographique. Smoleński écrivit plusieurs contributions aux problèmes de la cartographie et, surtout, de la morphométrie. Il était, en plus, le seul géographe polonais s’occupant de l’océanographie. Smoleński voit dans le paysage non seulement les problèmes qui s’y rattachent, mais aussi de la beauté. Il est extrêmement sensible aux charmes du paysage, la connaissance de la genèse duquel lui permettant, en outre, de le sentir d’une manière plus pénétrante et plus forte. De ce sentiment résulte son «Paysage Polonais» (1912), oeuvre unique tant dans notre littérature que dans notre science. L’auteur y a relié l’histoire du paysage polonais, d’une exactitude scientifique, à un choix, extrêmement habile, de descriptions littéraires. Sa langue, à lui, s’est montrée d’ailleurs si riche et si colorée qu’on ne sent pas dans son livre de différence entre le langage scientifique et le littéraire, phénomène bien rare dans le monde de la science! La même remarque s’applique aux descriptions dans l’ouvrage: «Morze i Pomorze» (Mer et la Poméranie) de Smoleński, publié dans les «Merveilles de Pologne» en 1928, et dans sa «Wielkopolska» (Grande Pologne 1930). On y admire non seulement la beauté des descriptions et la richesse d’information (entre autre historique), mais aussi l’habileté dans le choix des illustrations. Cet amour de la beauté se manifestait constamment dans sa vie et dans son activité. Il était un vrai esthète. Il avait une grande sensibilité artistique et aucun domaine de l’art ne lui était étranger. Sentant vivement la beauté du paysage, surtout du paysage primitif, il s’intéressa intensement à la protection de la nature. A partir de l’année 1919, il était membre de la Commission de Protection de la Nature, puis du Conseil Polonais de Protection de la Nature, et en 1938 son président. En 1928, Smoleński devint directeur de l’institut de Géographie, se mit à réorganiser les études géographiques et publia les ouvrages de l’institut. Il organisa le Comité des recherchers alpines et le Centre scientifique hivernal dans une vallée de la Tatra (Pięciu Stawów Polskich) et aida ses élèves à prendre part dans les expéditions. En 1929, Smoleński fut nommé professeur ordinaire de géographie physique et de cartographie, puis de géographie générale et directeur de l’institut Géographique. À cette époque, ses intérêts scientifiques se sont tournés vers les problèmes de population et de géographie politique. Smoleński était amené à poser les problèmes et à rechercher les solutions par un besoin intérieur, comme s’il le faisait pour son propre plaisir. Par conséquent, il ne s’acharnait pas à combattre les idées des autres, ni à la polémique. Dans ce fait apparaît le trait, le plus distinctif, de son caractère. Ayant lui-même une forte personnalité, il appréciait l’individualité des autres, comme le montre clairement, son attitude envers ses élèves. Sans jamais leur refuser ses conseils et observations, il ne leur imposait ni sujets d’étude, ni idées, ni même méthode de travail. Arrêté par les Allemands au mois de novembre et déporté au camp de concentration d’Oranienbourg, puis de Sachsenhausen près de Berlin, il ne put résister à la vie dure de camp, au froid, à la famine, à la brutalité allemande et il est mort le 5 janvier 1940. Tout en se rendant parfaitement bien compte que son frêle organisme ne saura endurer l’existence dans le camp de concentration allemand, il garda jusqu’à la fin de la vie sa sérénité ne tombant point dans la dépression et réconfortant ses amis.

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