Ferdynand Rabowski (1884-1940)

Walery Goetel

Abstract


Ferdinand Rabowski est né à Włocławek le 5 février 1884. Son enfance se passa dans cette ville. De 1897 à 1900 il allait à un lycée de Varsovie, puis en 1901, il s’établit à Zakopane où il a obtenu une éducation privée. Ayant fait son examen de maturité, il partit en Suisse (1903), d’abord à Berne où il étudiait la géographie, puis, en 1904, à Lausanne où il suivit les cours de géologie. En 1909, il commença, chez le professeur M. Lugéon, son premier travail sur le terrain, dans les Alpes suisses. En 1920, il fit, à Lausanne, son doctorat en géologie. La même année il revint en Pologne et commença, à l’institut de Géologie, le travail auquel il resta fidèle jusqu’à la fin de sa vie. La deuxième guerre mondiale trouva F. Rabowski à Zakopane. La maladie qui le rongeait depuis des années, se développa dans les conditions difficiles de l’occupation au point que son organisme, tout résistant qu’il fut, ne pouvait pas en triompher. Il est mort à Zakopane, le 19 avril 1940. F. Rabowski était en premier lieu, tectonicien. Les problèmes tectoniques le ravirent du moment où le professeur Maurice Lugeon les exposa devant le jeune élève. Le prof. Lugeon lui indiqua le groupe alpin de Simmenthal et de Diemtigthal pour qu’il en tire le sujet de son premier travail original, un de ces chefs-d’oeuvre de la cartographie géologique, laborieux et minutieux, mais plein d’élan et de beauté, dont plusieurs s’épanouirent grâce à l’activité de Rabowski. En 1912, il commença, à l’instigation de la Commission Géologique Suisse, un travail semblable dans Val Ferret. Retourné en 1920 en Pologne, Rabowski se présentait comme un géologue parfaitement formé, surtout dans la tectonique de mon-* tagnes, et un cartographe géologique de valeur. Ces qualités ont trouvé un large emploi dans les montagnes polonaises et, surtout dans la Tatra qu’il chérissait. La Tatra présentait alors un problème extrêmement intéressant. Après la crise de la géologie des montagnes, produite par le Congrès International de Géologie en 1903, après lequel a eu lieu la célèbre excursion du Congrès dans le groupe de Czerwone Wierchy — la Tatra est devenue l’objet d’un intérêt particulier pour de nombreux géologues étrangers. Les géologues polonais, conduits par M. Limanowski — qui avait pris part à l’excursion du congrès à la Tatra et devint ensuite un ardent propagateur de la théorie selon laquelle la structure des montagnes est en nappes, — ont regagné leur place d’avant-garde dans la géologie de la Tatra et ont construit, à l’aide d’une série d’études tectoniques, stratigraphiques et paléontologiques. la charpente de la géologie moderne de ces montagnes, les plus hautes et les plus intéressantes de toutes les montagnes polonaises. Dans toute l’oeuvre scientifique de Rabowski, on entrevoit son intérêt pour les problèmes fascinants de la géologie des montagnes. Il les traite en tectonicien de race. Son point de départ est formé par le juste principe que, pour pouvoir résoudre les problèmes tectoniques d’un groupe de montagnes, petit, mais compliqué, comme c’est le cas de la Tatra, il faut, en premier lieu, en faire un lever aussi exact que possible. Il prit donc sur lui la tâche de dresser la carte géologique de la Tatra au 1 : 10.000. Le but principal de ce travail consistait pour lui dans le lever détaillé du groupe des Czerwone Wierchy, formant la clef de la tectonique de la Tatra. Il procédait dans son travail avec une exactitude extrême. Chaque pente était levée en détail, tant au moyen de la lunette et de dessin fait d’en face, que des cheminements les plus détaillées, où la pente était foulée, pas à pas, jusqu’aux flancs qui semblaient être inaccessibles. Le fait que F. Rabowski était un excellant dessinateur était d’un grand aide pour son travail. Ses dessins faits, selon la méthode suisse, d’une manière fine et extrêmement précise, colorés au pastel, donnaient en résultat, d’exquis tableaux géologiques de vallées, pentes et crêtes de montagnes, où la précision et l’exactitude rivalisent avec une réalisation vraiment artiste. Telle était aussi la carte géologique basée directement sur l’étude du terrain. Les problèmes de toute sorte se montraient, au cours du lever, surtout au début du travail; quelques-uns d’entre eux étaient de première importance. Il devenait évident que la monographie de la Tatra par Uhlig, considérée alors comme comble de précision tectonique et stratigraphique, contenait, dans la série haut-tatrique aussi bien que dans la série subtatrique, des lacunes considérables, dues, en partie, à une conception erronée et en partie à la connaissance encore incomplète de la stratigraphie et la paléontologie de la Tatra. Nous ne mentionnerons que la question des dolomites de Chocz de la série subtatrique et celle de «Lias-Jurassique» de la série haut-tatrique. Quand des difficultés insurmontables se sont présentées à Rabowski en connexion avec cette dernière thèse de Uhlig, il a appliqué sa méthode patiente et la seule juste, celle de construire sa propre conception tectoniço- stratigraphique, basée sur un levé détaillé, bien que, faute de fossiles, il n’était pas en état de désigner l’âge de la série des couches dites «Lias-Jurassique». Il est arrivé ainsi à la conclusion nette que la plus grande partie du complexe de «Lias-Jurassique» de la Tatra appartient au Trias. Les fossiles, trouvés depuis, ont confirmé cette opinion. Malheureusement, le mal qui le rongeait dans les dernières années de sa vie et l’impossibilité du travail scientifique pendant l’occupation allemande n’ont pas permis à Rabowski de réaliser le travail qui fut le rêve de sa vie: la publication d’une carte géologique détaillée de la Tatra.Il n’a laissé que fragments de levés, dessins, profiles et notes.

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